Lanouée. Pour leur ferme, ils ont choisi les vers de terre

 
Publié le 16/03/2018

Pour Pascal et Gwenola Picard, la conversion vers la production de lombricompost et vers le bio s’est « faite naturellement, en plusieurs étapes ».
Pour Pascal et Gwenola Picard, la conversion vers la production de lombricompost et vers le bio s’est « faite naturellement, en plusieurs étapes ». | MÉLANIE BECOGNEE
 

En 2012, l’exploitation de dindes de Pascal Picard est devenue une ferme lombricole. Six ans et quelques obstacles plus tard, l’agriculteur et sa femme ont augmenté la production et élèvent depuis peu des poulets bios.

Au premier coup d’œil, la ferme de Pascal et Gwenola Picard ne laisse rien paraître. Les anciens hangars à volailles sont toujours là. Mais plus une dinde à l’horizon. Elles ont disparu. Pour observer le nouvel élevage, mieux vaut se munir d’une loupe. En six ans, les milliers de gallinacés de l’exploitation de La Ville-es-Bottés à Lanouée ont laissé la place à trois millions de vers de terre. Depuis peu, 900 poulets bios sont également de la partie.

Le couple n’en est pas peu fier de cette reconversion en ferme lombricole. « Je voulais arrêter l’élevage conventionnel depuis un moment car je tournais en rond », confie Pascal.

Le virage est à 180 degrés, « en plusieurs étapes ». L’agriculteur construit une serre, la nursery, pour accueillir 80 000 vers de terre. La fabrication de lombricompost prend du temps. « Les vers vivent quatre ans et font 250 petits par an », détaille Gwenola. Leur habitat ? De grandes rangées de déchets qu’ils mangent à outrance. « Ils restent dedans cinq mois et quand ils ont tout mangé, on installe une deuxième rangée de déchets vers laquelle ils migrent. »

 


Pour Pascal et Gwenola Picard, la conversion vers la production de lombricompost et vers le bio s’est « faite naturellement, en plusieurs étapes ». | Mélanie Becognee

Reste à sécher les déjections, fertilisant naturel, avant la vente. Une étape qui demande tout autant de patience. Le démarrage est lent. Trop lent… « En 2014, on s’est posé beaucoup de questions, reconnaît le couple. C’était une période de doutes. »

Vaille que vaille, ils persistent. Et signent ! Une nursery d’extérieur est créée en 2015. Leur production augmente et passe alors de 10 à 25 tonnes. La ferme lombricole du pays de Josselin continue son bonhomme de chemin. « Un an plus tard, nous avons passé les 22 ha de terres en céréales bios et en avril 2017, nous avons abandonné la dinde industrielle. »

Des vers de terre investissent les bâtiments vident dans la foulée. Ils travaillent jour et nuit à la fabrication du lombricompost. « C’est un espace de production supplémentaire et une plateforme de séchage indispensable pour répondre à la demande. » Les conditions de travail et de production s’améliorent. Le bouche-à-oreille porte ses fruits.

Pour Pascal et Gwenola Picard, la conversion vers la production de lombricompost et vers le bio s’est « faite naturellement, en plusieurs étapes ». | Mélanie Becognee

Les acheteurs, collectivités et particuliers, ont pris le pli. Ils viennent à la ferme se fournir. Et font, depuis peu, leurs commandes de poulets bios. Car le couple n’a pas renoncé aux volailles. Ils ont acheté deux poulaillers nomades qu’ils déplacent au gré des besoins des volatiles. « Là, il n’y a pas d’antibiotiques. Ils vivent dehors », raconte, enthousiaste, Pascal. L’agriculteur reconnaît « qu’au début, le bio, je n’y pensais même pas. Aujourd’hui, je ne ferai pas marche arrière. »

Le binôme fourmille de projets. La vieille grange à l’entrée de la ferme sera restaurée. « Ce sera le magasin pour développer la vente directe. »

Portes ouvertes le 24 mars de 10 h 30 à 18 h, renseignements sur www.lombriculture.net


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